L’alimentation a un impact considérable sur notre environnement, l’emploi et la santé.
En tant que consommateur ou consommatrice responsable, il vous arrive certainement de vous fier à ces logos censés attester de filières durables.
Mais que certifient exactement ces labels alimentaires, de plus en plus nombreux dans les rayons de nos supermarchés ? Sont-ils gages de confiance ou simplement de nouveaux arguments marketing ? Lesquels doit-on privilégier, et pour quelles raisons ?
Pour vous aider à y voir plus clair, rien de tel qu’un peu de transparence !
Créé en mai 2020, ce label alimentaire a été pensé comme un “outil de transition écologique et solidaire”, alliant les pratiques de l’agriculture biologique et de l’agroécologie et les principes du commerce équitable, pour assurer une vie digne aux différents acteurs de la filière.
Si le label est encore jeune, cette démarche a un très haut potentiel d’impact, car il s’appuie sur les bases déjà solides du commerce équitable et de l’agriculture biologique. Par rapport à cette dernière, certaines contraintes supplémentaires, comme l’interdiction des serres chauffées, renforcent encore l’impact positif de Bio Équitable sur le climat, les ressources énergétiques ou encore la qualité de l’air !
Demeter est le principal label de biodynamie dans le monde. Encadrement de l'origine des plans et des semences, fertilisation, soins et protection des végétaux, reproduction des animaux, abattage… le cahier des charges, qui est public, couvre tous les aspects de la production, du champ à la commercialisation. Pour être certifié Demeter, un agriculteur doit être d’abord certifié AB.
L’impact potentiel est cohérent avec l’intention de la démarche, qui cherche à prendre soin de toutes les composantes du vivant. Certains effets positifs sont inattendus, comme celui sur le revenu des producteurs, qui n’est pas un point du cahier des charges mais une conséquence de la non-dépendance aux pesticides.
Jusqu’à la fin des années 80, Nature et Progrès était la seule référence d’agriculture biologique reconnue par l’État. Désormais, le label adopte une vision plus globale de l’agriculture biologique et intègre des aspects économiques et sociaux en insistant sur les circuits courts, par exemple.
Les résultats produits par cette démarche sont globalement bons (voir très bons en termes de qualité des sols, grâce à l’interdiction des pesticides et engrais de synthèse) et en cohérence avec l’ambition initiale. Toutefois, les scores auraient été plus élevés si la démarche était mieux documentée.
Ce label officiel concerne toutes les filières (lait, fruits, légumes, viande…). Il atteste, entre autres, que les produits ont été cultivés sans pesticides et engrais de synthèse.
La certification AB, comme les autres labels qui partagent ce socle d'exigences (Bio équitable, Demeter, Nature et Progrès…) contraint les producteurs à un changement de système de production. AB est un label alimentaire dont l'impact est positif et mesurable !
Ce label alimentaire, récemment révisé, vise un standard de qualité. Il implique le plafonnement de productivité par hectare, une réglementation des aliments du bétail, l’interdiction d’automatisation de la fabrication…
Le label AOP Comté est exigeant pour les producteurs et garantit des effets positifs, en particulier sur le plan socio-économique. Le terroir concerné, particulièrement fragile, nécessite néanmoins une vigilance supplémentaire par rapport à aujourd’hui.
Comme pour les porcs et les volailles, Bleu-Blanc-Cœur Lait affiche une volonté de favoriser la santé de la terre, des animaux et des humains.
En favorisant l’alimentation locale et la rotation des cultures, la démarche a un impact positif. On salue l’interdiction du soja d’importation à venir, facteur de déforestation, en attendant des critères plus exigeants, sur les pesticides par exemple.
La solidarité et l’équité sont au cœur de cette démarche. Pour le lait, elle garantit un prix d’achat, encadre l’alimentation (herbe, alimentation locale et sans OGM) et impose certaines pratiques d’élevage.
Ce label alimentaire permet de faire évoluer les pratiques en matière d’élevage dans le bon sens, mais les potentiels d’impacts restent faibles. Certains critères sont fixés trop bas, et les indicateurs sont imprécis.
Ce label alimentaire revendique principalement le bien-être animal, en limitant par exemple les effectifs et la densité dans les élevages.
Le label a fait des choix contraignants sur les modes d’élevage (élevage en plein air, races spécifiques, limite de la taille des élevages...) et a donc un impact social et environnemental positif sur certains aspects, et davantage que le Label Rouge Porcin.
Pour sa filière porc-volailles, ce label à « vocation santé » demande aux éleveurs d’assurer aux animaux une alimentation variée et équilibrée, par exemple en réduisant la part de soja importé.
Les impacts sociétaux et environnementaux sont réels. Mais il reste de nombreux points d'amélioration pour que cette démarche ait des impacts plus positifs, par exemple avec les conditions d'élevage et l'accès à l'extérieur.
Comme pour sa filière “lait”, cette démarche repose sur une rémunération plus juste des producteurs, l’implication des consommateurs pour définir les objectifs, et quelques questions environnementales. Pour la filière “jus de pomme”, le cahier des charges assure par exemple aux consommateurs des vergers “éco-responsables” .
Les objectifs de la démarche restant relativement imprécis, il est difficile d’en documenter les effets. Pour le jus de pomme, le principal bénéfice mesurable pour l’environnement provient de l’emballage en brique cartonnée plutôt qu’en bouteilles en plastique. Au niveau de la dimension sociale, l’impact potentiel existe grâce aux prix plus élevés et à la cohésion de la filière, mais il reste relativement faible.
La démarche AOP Cantal, révisée en 2019, impose une durée longue de pâturage pour les vaches. Elles doivent être nées et élevées dans la zone et leur nombre est limité selon la surface.
Si l’alimentation des vaches doit être sans OGM et principalement de l’herbe, le soja et l’huile de palme, souvent facteurs de déforestation, sont autorisés. Il n’est pas non plus imposé de races spécifiques ni de critères de bien-être animal.
L’obtention de ce label, qui vise avant tout la qualité du produit, nécessite la mise en place de mesures favorisant le bien-être animal.
En se concentrant sur un nombre limité de mesures et en ne rendant pas obligatoire l'accès à l'extérieur, cette démarche ne présente qu’un faible impact sur le bien-être animal, variable d’un élevage à l’autre, et aucune garantie en matière sociale et environnementale.
Cette certification vise à préserver la biodiversité, la qualité de l’eau et des sols. Elle incite les producteurs qui s’engagent à limiter leur usage de produits phytosanitaires, d’engrais et à économiser l’eau.
Bien que portée et soutenue par le ministère de l’Agriculture, cette démarche propose des actions limitées, aucune étude ne valide d’impact positif. Sans contrôle ni critères communs, elle ne donne que peu de garanties de durabilité.
Le label ZRP a été créé par une association de producteurs, de coopératives agricoles et de distributeurs. Le contrôle d’absence de pesticides dans le produit final est sa principale contrainte.
Parce qu’elle ne joue que sur cet aspect, les actions qu’exige la démarche ne suffisent pas à garantir d’impacts véritablement positifs, contrairement aux labels partageant le socle AB.
Ce label alimentaire se définit comme une démarche de progrès ouverte à tous les agriculteurs, avec l’ambition de les accompagner vers des pratiques plus vertueuses, sans passer par la contrainte. Des “optimisations” sont ainsi demandées en termes de recours aux produits phytosanitaires, ou de gestion de la ressource en eau par exemple.
Il n’existe aucune étude qui permet d’avoir une vision globale de ce qui est mis en place dans les exploitations. Le seul impact potentiel positif mesuré sur cette démarche porte sur la qualité des sols, impact lié à la limitation du recours aux produits phytosanitaires. Mais étant donné la logique non contraignante du label « Agriconfiance », ce potentiel reste très bas.
La mise à jour de notre étude et de ce guide :
Suite à la sortie des premiers éléments de communication concernant cette étude sur les labels alimentaires, plusieurs porteurs de démarches et des associations locales sont venus vers nous avec de nouveaux éléments concernant leur démarche. Nous avons souhaité prendre en compte les nouvelles informations apportées par les porteurs de démarches et de collectifs citoyens, et les résultats de certaines démarches ont donc pu être affinés. A l'occasion de la sortie de cette étude, nous avons également édité un guide papier, il peut donc y avoir de légères différences entre ce guide papier et cet outil en ligne.
Concernant les futures sollicitations que nous pourrons être amenés à recevoir, nous prendrons le temps de les étudier et nous mettrons à jour, d’ici la fin de l’année, l’étude avec les nouveaux résultats éventuels.